La région Moyen-Orient – Afrique du Nord (MENA) est l’une des plus arides au monde. Or, sa population va connaître, dans les années à venir, une croissance vertigineuse, combinée à une explosion du phénomène d’urbanisation. Il sera donc encore plus difficile de fournir de l’eau à tous ses habitants. La pénurie d’eau dans les villes a encouragé la Banque Mondiale à lancer l’initiative « Water Scarce Cities » afin de réfléchir aux réponses pertinentes et appropriées face aux ressources hydriques en disparition. Pour répondre aux besoins de cette région en eau douce, de nombreux pays (Arabie Saoudite, Algérie, Qatar, Libye, Maroc, Israël, etc.) ont investi dans des usines de dessalement. Alors que cette solution semble une technique en pleine expansion, elle soulève néanmoins de nombreux interrogations. Pour l’environnement d’abord, parce que le dessalement nécessite l’installations d’infrastructures adaptées. S’ajoute à cela que les usines de distillation sont pour la plupart très énergivores et utilisent du chlore pour tuer les bactéries, substance qui se trouve ensuite rejetée en mer avec des conséquences néfastes pour la faune et flore maritime. Par ailleurs, le rejet de la saumure, un résidu du dessalement deux fois plus salé que l’eau de mer, est également un sujet de controverse scientifique. Il risque de modifier à long terme la chimie de l’eau côtière avec des conséquences sur le territoire. Enfin, le dessalement soulève également des question d’ordre politique, car si cette pratique s’est aujourd’hui imposée comme la solution technique face à la pénurie d’eau, c’est aussi parce qu’elle permet aux politiques de s’affranchir de la nécessité de mettre en place des règles et politiques publiques qui permettraient d’apporter une solution durable au problème du manque d’eau.
La simulation aura donc comme objectif de réfléchir à la question de la pénurie de l’eau et les réponses techniques et politiques que les divers acteurs y apportent. L’objectif n’est pas de se prononcer pour ou contre le dessalement, mais de faire comprendre aux participants que derrière le choix « facile » de la solution technique, se cachent souvent d’autres motivations – politiques et économiques – qui expliquent pourquoi on continue à traiter des symptômes plutôt que de soigner les causes de la pénurie en eau.